C'est au lointain des îles que j'apprends le décès de Kenneth White. Poète-penseur d'une rare envergure, Kenneth White m'offre la joie de son exigeante amitié indéfectible depuis le tournant des années 1980 quand il délivrait, aux marges de l'université,...
Trump ou pas Trump, ou un autre, j'avais pris ma décision. La fermeture des frontières et l'obscurcissement des cerveaux ne réfrèneront jamais l'ardeur du voyageur. Je voulais encore partager une franche journée de conversation ininterrompue au contact...
Un autre de ces vocables qui commencent mal. La rentrée : le mot d'ordre. Ils s'affairent, je relis. La terreur s'amplifie ? Pas de souci en novlangue d'jeun, je me concentre, je travaille, j'amplifie. L'éducation dégringole, ce n'est pas une nouvelle,...
Par la poste matinale, je reçois une fort jolie carte postale. À l'époque niaise des réseaux sociaux, mes amis savent que je n'apprécie rien moins que ce rectangle, coloré de teintes bien nettes, porteur de rêves que prolonge la présence des timbres invariablement...
Longue promenade siennoise. Ruelles de briques rouges. Sol de soie. L'œil partout écoute les œuvres picturales qui montent en flèche de la matière. Il Campo, cinq heures. Le jour, je le sais, va bientôt frémir. Une fillette promène son chien. Sans laisse....
Avril en hiver. Parvenu à Saint-Jean-du-Gard sous un franc soleil, j'ai repensé au pèlerinage de Stevenson, traversant les Cévennes, ses bosses boisées, ses creux éreintants, ses collines plissées, ses margerides courues de lièvres et de sangliers. Car...
Avant de repartir vers les provinces du Nord, je me suis volontairement plongé une journée dans l'abondante agitation exécrable de la grosse ville, et vingt-quatre heures auront suffi. Osaka ou l'ordre dans le désordre. « Stupeur et tremblement, n'est-ce...
Une pension fraîche et simple au pied des pins. Bières Asahi, Sapporo et Kirin à foison dans le mini-bar de la chambre. Tout pour le repos du pèlerin. Papier à lettre, stylo quatre couleurs, et livres religieux, dont une Bible en anglais d'Amérique, sommeillent...
Lisse, limpide, lumineux, l'autocar me porte aux rivages. De l'autre côté du bras de mer, Taïwan, la Corée du Sud, et la Chine qui attire tel l'aimant. Masuda, Hamada, Gôtsu, Oda. Pins, rocaille, pivoines rouges qui explosent à la lisière des rizières,...
Paris au mois d'août, le charme de certain quartiers. Oui, « intimidées et silencieuses », dit l'auteur que lisait Blaise Cendrars, les rares voitures qui montent de la Seine s'arrêtent aux passages pour les flâneurs des deux rives. Un tour au musée Guimet....
La terre et les pierres. À Compostelle, les pèlerins des deux sexes venus de toute l'Europe se sont amassés autour du reliquaire sur le chemin de Saint-Jacques. Je peux comprendre leur démarche, leur dépouillement, leur dévotion, mais j'avais, de mon...
Arroyos et rios. Je salue derechef Cordoue et les fantômes de Maïmonide, d'Averroès, d'Abbas ibn Firnas et de mon cher Sénèque, tous infiniment plus vifs que les vivants, et m'engage à pied en direction des monts sertis d'ormaies qui s'étendent au-delà...
À Faro, la belle candeur, je m'offre, par un détour dans les sentes secrètes de la vieille ville, le petit luxe d'une perdrix aux palourdes. Matinée à marcher au vif du rivage. Le bout du monde. Une fois aisément sorti de l'enceinte urbaine, de vastes...
Bonheur exclusif. Écarté du brouhaha dans la pénombre de ma chambre que trois roses rouges fleurissent, personne ne vient me dévisager, me déranger, m'embêter. Le subtil labyrinthe que forment en bleu pastel l'été, en bleu soutenu l'hiver, les canaux,...
Café florentin cousu de vigne. Bibliothèque Laurentienne, temps dans le temps, feuilletant les grimoires de l'humaine mémoire. À la lumière qui filtrait du vitrail, j'ai enregistré : « La perspective est la première chose qu’un jeune peintre doit apprendre...
Trois mouettes bien blanches patinent sur la piste gelée. L'avion de Venise a du retard et personne en cette saison ne s'en étonne. De puissantes machines s'activent à réchauffer le tarmac, les moteurs, les ailes des aéronefs. Les mouettes cherchent à...
Matin studieux à la bibliothèque Ambrosienne. Je n'ai aucun mérite. Je travaille. Réjouissances parmi les meilleurs à la pinacothèque, Vinci, le Titien, Brueghel. Antipasti et un flacon d'Émilie-Romagne au voisinage de Santa Maria delle Grazie. Douceur...
Blancheur crue sur les reliefs, milan solitaire, et congères sous mes pieds. Ce matin, entre chien et loup, le vent du nord-ouest ratatine le moindre taillis. Six sous pour faire un franc, et m'offrir une gorgée de Talisker ! Venu de Coste-Chaude, hameau...
Lent retour. L'aéroport soi-disant international au sol de France, très sale. En cette matière, comparaison est raison. Les bagages, chahutés vilainement en tous sens sur le dévidoir graisseux. Mon sac à dos, léger comme le cirrus entrevu tout à l'heure...
De Naxos, les vents favorables me portent à Paros. Sur les hauteurs du port en pleine effervescence, une chambre bleue dans une ruelle bleue. Les toits se chevauchent jusqu'au bout de l'horizon, mais je peux distinguer les musées et Panaghia Katapoliani,...
Trois jours à déambuler dans les vieux quartiers. Sur une passerelle, une pseudo-geisha en kimono flashy, sans doute freeter, travailleuse précaire, se fait tirer le portrait par un photographe barbichu. Son image de courtisane à trois sous ira illustrer...
Dès la descente de l'autocar, on m'avait prévenu : « Honorable visiteur, tout est saccagé, le tsunami a emporté la moindre brindille de conifère, et le vent souffle encore ! » Je n'en croyais pas mes oreilles et voulais, sans offenser l'édile local et...
Pour gagner la côte nordique, l'autobus devait passer par Hiroshima. Un crochet au cœur des ténèbres. La grande île, disent les Japonais, bâtie contre vents et marées. Pendant ce temps-là, l'Europe, enfin, une certaine Europe, s'ouvrait à la Renaissance...
Débats politiques sur toutes les chaînes d'information : le nouveau gouvernement se formera-t-il enfin ? Le vacarme de la circulation automobile couvre la voix des invités sur les plateaux, qui tous, forcément, se contredisent. Matin, midi et soir, la...
Bleu parfait. Aux premières heures du jour dans ma chambre louée à un courageux pêcheur hauturier, je relis les Confessions de Jean-Jacques. Des crêtes rocheuses, vue sur le golfe déjà bouillonnant de pimpantes embarcations. Hier, Villa Cimbrone, Terrasse...