1 mai 2019 3 01 /05 /mai /2019 06:00
Devisement

Longue promenade siennoise. Ruelles de briques rouges. Sol de soie. L'œil partout écoute les œuvres picturales qui montent en flèche de la matière.

 

Il Campo, cinq heures. Le jour, je le sais, va bientôt frémir. Une fillette promène son chien. Sans laisse. À sa mine réjouie, je devine qu'elle n'est pas une héritière sans testament. Café dans l'ombre fraîche de la Loggia della Mercanzia. Parenthèse pour tout approfondir. Derrière le bar où se concentre l'alcool qui fera des siennes dans les verres, la radio en sourdine diffuse le premier mantra d'actualité. Cours des bourses en berne, éléphants furieux au Penjab, touristes chinois dévalisés, terrorisme saccageur, gouvernances floues, piratage des gaming zones, ouvriers déprimés, inondations dans le Jura, voiture bélier contre une discothèque, Brexit contenu, fusillade au Texas, dérive du pôle Nord, échouage de migrants. 

 

Tiens, la page de ce récit :

 

« Nous nous sommes un peu arrêtés aux coutumes et mœurs des Tartares ; maintenant nous continuerons à faire la description des autres provinces de l’Orient, en suivant le même ordre que nous avons tenu ci-devant. Ayant laissé la ville de Caracorum et la montagne d’Altaï du côté du septentrion, on vient aux campagnes de Bargu, qui ont quarante journées de long. Les habitants de ces cantons s’appellent Nerkistes, et obéissent au Grand Khan, observant les coutumes des Tartares. Ce sont des hommes sauvages et qui ne vivent que de leur chasse ; ils prennent particulièrement des cerfs, qui sont en abondance et qu’ils savent si bien apprivoiser qu’ils s’en servent comme des chevaux et des ânes ; ils n’ont ni blé ni vin. En été, ils s’exercent beaucoup à la chasse des oiseaux et des animaux sauvages, dont ils mangent la chair pendant l’hiver, car pendant cette saison ils sortent du pays à cause de la rigueur du froid. Après avoir quitté ces campagnes et cheminé pendant quarante journées sur l’orient et un peu au septentrion, on trouve l’Océan, sur les montagnes duquel les faucons ont coutume de faire leurs nids quand ils doivent passer la mer. On prend là ces faucons et on les porte à la cour du Grand Khan. Il y a dans ces parties septentrionales quelques îles qui avancent si près du septentrion, que l’étoile de tramontane, la polaire, y demeure quelque peu visible à midi. »

 

Tout, soudain, a de la saveur.

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