4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 06:00
Occident

Un autre de ces vocables qui commencent mal.

 

La rentrée : le mot d'ordre. Ils s'affairent, je relis. La terreur s'amplifie ? Pas de souci en novlangue d'jeun, je me concentre, je travaille, j'amplifie.

 

L'éducation dégringole, ce n'est pas une nouvelle, la publicité se refait une beauté, les cabinets d'analystes sont pleins, les pilules roses et bleues se vendent comme des petits pains dans les pharmacies. Marin lucide, je mets les voiles.

 

Une semaine bruxelloise, la ville à la campagne. Mon hôte, pianiste chez Mozart, me laisse les clés et sa bibliothèque. Dans le jardin, un oiseau sur chaque arbre. Ce n'est pas une illusion. Tiens, ce gros livre placé près d'une statuette de Shiva. Oswald Spengler, Der Untergang des Abendlandes, soit Le Déclin de l'Occident. Déclin comme destin ? À la toute dernière page, tracé d'une ample écriture ronde, je tombe sur ce passage :

 

« Toutes les conditions politiques et sociales ne valent pas que ce soient justement les esprits les plus doués qui aient le droit de s’en occuper et qui y soient forcés : un tel gaspillage des esprits est en somme plus grave qu’un état de misère. La politique est le champ de travail pour des cerveaux plus médiocres, et ce champ de travail ne devrait pas être ouvert à d’autres : que plutôt encore la machine s’en aille en morceaux ! Mais telles que les choses se présentent aujourd’hui, où non seulement tous croient devoir être informés quotidiennement des choses politiques, mais où chacun veut encore y être actif à tout instant, et abandonne pour cela son propre travail, elles sont une grande et ridicule folie. On paye "la sécurité publique" beaucoup trop cher à ce prix : et, ce qu’il y a de plus fou, on aboutit de la sorte au contraire de la sécurité publique, ainsi que notre excellent siècle est en train de le démontrer : comme si cela n’avait jamais été fait !

Donner à la société la sécurité contre les voleurs et contre le feu, la rendre infiniment commode pour toute espèce de commerce et de relations, et transformer l’État en providence, au bon et au mauvais sens, ce sont là des buts inférieurs, médiocres et nullement indispensables, à quoi l’on ne devrait pas viser avec les moyens et les instruments les plus élevés qu’il y ait, les moyens que l’on devrait réserver justement aux fins supérieures et les plus rares ! Notre époque, bien qu’elle parle beaucoup d’économie, est bien gaspilleuse : elle gaspille ce qu’il y a de plus précieux, l’esprit. »

 

Des chiffres – et des lettres.

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