La terre et les pierres.
À Compostelle, les pèlerins des deux sexes venus de toute l'Europe se sont amassés autour du reliquaire sur le chemin de Saint-Jacques. Je peux comprendre leur démarche, leur dépouillement, leur dévotion, mais j'avais, de mon point de vue, sans rien négliger, franchement mieux à faire.
Cap à l'ouest par un beau matin estival. Dès que je sors de la ville, celle-ci ou une autre, ma boussole me renseigne, fidèle sans faillir : 42° 52' 45" nord, 9° 16' 22" ouest, les coordonnées de mon rendez-vous.
Passant les pancartes, le phare et les barbelés, j'entre enfin dans l'espace non-humain. Le belvédère dénudé de granite sombre s'enfonce énergiquement dans les flots, et ressurgit ça et là vers le couchant en téméraires îlots. J'aime finis terrae – l'idée et la chose. D'ici, tout pourrait recommencer. Autrement. Accompagné d'une mouette pélagique, j'ai ouvert le livre d'heures :
« Assez vu. la vision s'est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. – Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l'affection et le bruit neufs ! »