2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 06:00

File:Ganges Benares.jpg

 

 

Une bonne dose de pantomimes très cocasses...

 

 

Le train qui tournevire des monts séculaires, le bus, puis le train vert de rizière rempli à ras bord.

 

Senteur d'encens, fumet du mouton korma et exhalaison d'excréments.

 

Trois jaïns forment un cercle dans le compartiment.

 

Galaxie parfaite. Mantras murmurés qui œuvrent à l'imminente croissance.

 

Jouir de l'existence, en solitaire méditatif ou en compagnie de l'Indienne qui défit les peintures.

 

À deux aussi, selon l'attirance, il nous arrive de suivre les chemins ascensionnels – une science puissante s'avère nécessaire.

 

Tout est prétexte à spectacle, de jeunesse renouvelée, pour qui sait voir et entendre.

 

Tuk-tuk forcément brinquebalant – Ganesh en décalcomanie, la radio qui hurle, culte du klaxon – et une grosse heure pour m'y retrouver dans le lacis des ruelles jusqu'à la pension lustrée comme un diamant où j'ai mes habitudes. Pourtant, je la connais par cœur et avec le cœur, cette offrande multicolore tournée vers l'eau qui concentre l'humaine nature, le Gange, ses fameux ghats et ses vivaces ombrelles, ses châles indiscrets, hiver compris. 

 

Le bonheur est un point d'organisation : les éléments s'arrangent chacun à leur place, les tablas soutiennent la parcussion du jour, le soleil préconise l'étude.

 

Pose le baluchon sur le carrelage aux motifs composés et ouvre tout de suite la fenêtre. La ramure rythmique du banyan, donneuse de soins, nourrit mon souvenir. J'ouvre le livre : 

 

« Ô Banyan ! qui t’élèves comme un géant à la tête ébouriffée sur le bord de l’étang, as-tu oublié le petit enfant comme tu as oublié les oiseaux qui nichaient dans tes branches et qui t’ont quitté ?

Ne te souviens-tu pas de lui, lorsqu’assis à la fenêtre, il contemplait tes racines plongeant dans le sol et que leur enchevêtrement le faisait rêver ?

Les femmes viennent remplir leurs cruches à l’étang et ton ombre énorme et noire se tord à la surface de l’eau comme le sommeil qui se débat au moment du réveil.

Les rayons du soleil dansent sur l’eau ridée, comme des navettes menues qui tisseraient sans cesse une tapisserie d’or.

Près des bords herbeux, deux canards nagent, et l’enfant assis, pensif et immobile regarde leurs ombres dans l’eau.

Que ne donnerait-il pour être le vent et souffler à travers tes rameaux murmurants, pour être ton ombre et s’allonger sur l’eau avec le jour qui décroît, pour être un oiseau et percher sur ta plus haute branche, pour flotter comme ces canards, parmi les herbes et les ombres ! »

 

Sagesse au royaume des passions ? Adresse de l'expertise.

1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 06:00

File:Morning Sky 7.jpg

 

 

Avant le lever du soleil, juste avant...

 

 

 

« Celui qui est parvenu au comble du vide garde fermement le repos.
Les dix mille êtres naissent ensemble ; ensuite je les vois s'en retourner.
Après avoir été dans un état florissant, chacun d'eux revient à son origine.
Revenir à son origine s'appelle être en repos.
Être en repos s'appelle revenir à la vie.
Revenir à la vie s'appelle être constant.
Savoir être constant s'appelle être éclairé.
Celui qui ne sait pas être constant s'abandonne au désordre et s'attire des malheurs.
Celui qui sait être constant a une âme large.
Celui qui a une âme large est juste.
Celui qui est juste devient roi.
Celui qui est roi s'associe au ciel.
Celui qui s'associe au ciel imite le Tao.
Celui qui imite le Tao subsiste longtemps ;

jusqu'à la fin de sa vie, il n'est exposé à aucun danger. »

 

 

Tout bien.

17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 06:00

File:Machine-herodote.jpg

 

 

Vertige arithmétique...

 

 

Rapports internationaux, en veux-tu en voilà.

 

Sur tout. Y compris le plus petit dénominateur commun.

 

Le chiffre se mue en nombre.

 

Département du chiffre : quantités et ordre de grandeur.

 

Assez sidérant.

 

On sait (sait-on vraiment ?) et rien ne bouge...

 

C'est un signe.

 

Le surnombre devient, dès lors, insignifiant.

 

J'ouvre Hérodote, histoire, au hasard, de sourire :

 

« On dit que les choses se passèrent de la sorte. Voici maintenant quels sont les peuples qui composaient l’année navale. Les Athéniens fournirent cent vingt-sept vaisseaux, montés en partie par eux, et en partie par les Platéens, dont le courage et le zèle suppléaient à leur peu d’expérience sur mer. Les Corinthiens en donnèrent quarante, et les Mégariens vingt. Les Chalcidiens en armèrent vingt, que les Athéniens leur avaient prêtés. Les Eginètes en donnèrent dix-huit, les Sicyoniens douze, les Lacédémoniens dix, les Epidauriens huit, les Erétriens sept, les Trézéniens cinq, les Styréens deux, et les habitants de l’île de Céos deux, avec deux vaisseaux à cinquante rames, et les Locriens-Opuntiens envoyèrent en outre au secours des alliés sept vaisseaux à cinquante rames.

Tels étaient les peuples qui se rendirent à l’Artémisium, et le nombre des vaisseaux que chacun d’eux fournit. Ils montaient en tout à deux cent soixante-onze, sans compter les vaisseaux à cinquante rames. Les Spartiates nommèrent Eurybiades, fils d’Euryclides, commandant en chef de toute la flotte. Car les alliés avaient déclaré qu’ils n’obéiraient pas aux Athéniens, et que, s’ils n’avaient point à leur tête un Lacédémonien, ils se sépareraient de l’armée qui allait s’assembler.

Dès le commencement, et même avant que d’envoyer demander des secours en Sicile, il fut question de confier le commandement de la flotte aux Athéniens. Mais les alliés s’y étant opposés, les Athéniens, qui avaient fort à cœur le salut de la Grèce, dont ils prévoyaient la ruine totale s’ils disputaient le commandement, aimèrent mieux céder. Ils pensaient sagement. En effet, autant la paix l’emporte par ses avantages sur la guerre, autant une guerre civile est plus pernicieuse qu’une guerre étrangère, où toutes les parties de l’État concourent d’un commun accord. Persuadés de la vérité de cette maxime, les Athéniens ne s’opposèrent point aux alliés, et cédèrent, pendant le temps seulement qu’ils eurent besoin de leur secours, comme ils le firent bien voir. Car le roi repoussé, et lorsqu’on combattait déjà pour s’emparer de son pays, les Athéniens, prétextant l’arrogance de Pausanias, enlevèrent le commandement aux Lacédémoniens. Mais cela ne se passa que longtemps après. »

 

Ouh là là !

13 mai 2015 3 13 /05 /mai /2015 06:00

File:Vailland Breton.JPG

 

 

Une sensibilité exarcerbée...

 

 

En ce mois de mai bruineux ainsi qu'à d'ordinaire sur les côtes irlandaises, je venais de relire les dernières pages du généreux livre d'Harper Lee, To Kill a Mockingbird ( Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur ), lorsque le téléphone a sonné. À l'autre bout du fil, un ami séjournant à Florence venait prendre de mes nouvelles. Les joies des retrouvailles. Notre conversation a roulé sur tous les sujets possibles tandis que la tramontane insolente secouait les jeunes feuilles du figuier. 

 

– J'ai un petit cadeau pour toi. Je vais te l'envoyer par la poste.

– De quoi s'agit-il ?

– Surprise, surprise...

 

Aujourd'hui, le cadeau, fragile, est là sous mes yeux. Boroboudour, voyage à Bali, Java et autres îles dans l'édition originale de 1951. Roger Vailland ! J'ai déjà écrit tout le bien que je pense de Roger le réfractaire-écrivain-libertaire (et pas restrictivement « libertin » au sens sensationnaliste du terme). Dans mon atelier, sur le « grand mur aux images », expression forgée par un intervieweur de la radio suisse romande, une des belles photographies de Roger Vailland par Marc Garanger. D'autant plus belle, celle-ci de 1964, peut-être parce qu'elle est en noir et blanc. Des vues d'écrivains, d'auteurs, ceux et celles aussi qui ont cherché à transformer le monde, au travail ou en villégiature, à la campagne, au bord de la mer ou à la montagne, j'en possède mille et cent. Je lève les yeux : le portait de Walt Whitman (que se dit-il ?), le visage introspectif de Friedrich Nietzsche, André Breton au milieu de ses poupées Kachinas, le nœud papillon rebelle d'Arthur Rimbaud, Bashô, bâton de pèlerin à l'épaule sur la sente vers le bout du monde, Henry David Thoreau, son regard (extra) lucide. Et tant d'autres. 

 

Plan américain élargi. Meillonnas, locus solus. À la table d'écriture. Fauteuil, osier orme – on trouverait son cousin en Lozère ou en Armorique. Pull à col roulé. Les deux mains, bien visibles, larges et solides sur les feuillets, et dans l'une, adroite au toucher, ce petit appareil de rien du tout qui injecte en perfusion directe le sang bleu dans la page. Silence – mais, vous n'êtes pas obligés de me croire, je l'entends, puisque j'y suis. Un modèle du genre pour ce qui est de la perfection objective.

 

Ce présent me touche.

 

Dans la bibliothèque des vrais bons livres immémoriaux, je retrouve les yeux fermés un autre livre de Roger Vailland. Son journal. Au faîte d'une marge, j'avais, espace d'autrefois, relevé cette indication : « J'aime les gens qui cherchent leur chemin. »

 

Toujours. Et certains savent le trouver. Bon pied, bon œil.

15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 06:00

 

 

The best...

 

 

L'autre jour à Shanghai dans le vieux district de la mission française.

 

Chaleur extrême. Un banc à l'ombre d'un arbre aux feuilles d'or. Une petite fille m'apporte une tasse de thé vert.

 

Ne pas bouger. Ne rien faire. Simplement être là.

 

Je lis :

 

« Sous le ciel y a-t-il, oui ou non, un état de contentement parfait ? Y a-t-il, oui ou non, un moyen de faire durer la vie du corps ? Pour arriver à cela, que faire, que ne pas faire ? De quoi faut-il user, de quoi faut-il s’abstenir ? — Le vulgaire cherche son contentement dans les richesses, les dignités, la longévité et l’estime d’autrui ; dans le repos, la bonne chère, les bons vêtements, la beauté, la musique, et le reste. Il redoute la pauvreté, l’obscurité, l’abréviation de la vie et la mésestime d’autrui ; la privation de repos, de bons aliments, de bons vêtements, de beaux spectacles et de beaux sons. S’il n’obtient pas ces choses, il s’attriste et s’afflige. ... N’est il pas insensé de rapporter ainsi tout au corps ? Certains de ces objets sont même extérieurs et étrangers au corps ; comme les richesses accumulées au delà de l’usage possible, les dignités et l’estime d’autrui. Et pourtant, pour ces choses, le vulgaire épuise ses forces, et se torture jour et nuit. Vraiment les soucis naissent avec l’homme, et le suivent durant toute sa vie ; jusque dans l’hébétement de la vieillesse, la peur de la mort ne le quitte pas. Seuls les officiers militaires ne craignent pas la mort, et sont estimés du vulgaire pour cela ; à tort ou à raison, je ne sais ; car, si leur bravoure les prive de la vie, elle préserve la vie de leurs concitoyens ; il y a du pour et du contre. Les officiers civils qui  s’attirent la mort par leurs censures impertinentes sont au contraire blâmés par le vulgaire ; à tort ou à raison, je ne sais ; car, si leur franchise les prive de la vie, elle leur assure la gloire ; il y a du pour et du contre. Pour ce qui est du vulgaire lui-même, j’avoue que je ne comprends pas comment on peut tirer du contentement de ce qui le contente ; le fait est que ces objets le contentent lui, et ne me contentent pas moi. Pour moi, le bonheur consiste dans l’inaction, tandis que le vulgaire se démène. Je tiens pour vrai l’adage qui dit : le contentement suprême, c’est de n’avoir rien qui contente ; la gloire suprême, c’est de n’être pas glorifié. Tout acte posé est discuté, et sera qualifié bon par les uns, mauvais par les autres. Seul, ce qui n’a pas été fait ne peut pas être critiqué. L’inaction, voilà le contentement suprême, voilà qui fait durer la vie du corps. Permettez-moi d’appuyer mon assertion par un illustre exemple. Le ciel doit au non-agir sa limpidité, la terre doit au non-agir sa stabilité ; conjointement, ces deux non-agir, le céleste et le terrestre, produisent tous les êtres. Le ciel et la terre, dit l’adage, font tout en ne faisant rien. Où est l’homme qui arrivera à ne rien faire ? ! Cet homme sera lui aussi capable de tout faire. »

 

Et maintenant ?

8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 06:00

 

 

Ce silence assourdissant qui complexifie encore les choses...

 

 

L'amie me prête sa maison au bord du lac.

 

Le matin, les oiseaux pour compagnons.

 

Bibliothèque. Couverture rouge. Sinuosité de la lecture :

 

 

« Le 20, Lenz traversa la montagne. Les sommets et les hauts plateaux étaient sous la neige ; dans les vallées, en bas, des pierres grises, des plaines vertes, des rochers et des sapins. Il faisait un froid humide ; l’eau ruisselait le long des rochers et jaillissait sur le chemin. Les branches des sapins pendaient lourdement dans l’air moite. Au ciel couraient des nuages gris, le tout fort épais ; puis le brouillard s’élevait en fumant et pénétrait peu à peu à travers les buissons, paresseusement, pesamment. Lenz avançait avec indifférence, sans souci de la route, tantôt montant, tantôt descendant. Il n’éprouvait aucune fatigue ; il lui était seulement parfois désagréable de ne pouvoir marcher sur la tête. Au commencement il se sentait la poitrine oppressée, quand il entendait les pierres se détacher autour de lui en bondissant, la forêt grise secouer sa chevelure, et que le  brouillard tantôt dévorait les formes, tantôt les revêtait de membres gigantesques ; il était fort agité, il cherchait quelque chose, comme des rêves perdus, mais il ne trouvait rien. Tout lui semblait si petit, si rapproché de lui, qu’il aurait pu mettre la terre dans un coin ; il ne comprenait pas qu’il lui fallût aussi longtemps pour arriver au bas d’une pente, pour atteindre un point éloigné ; il s’imaginait pouvoir tout mesurer en deux pas. Parfois seulement, quand la tempête lançait les nuages dans les vallées et que ceux-ci tourbillonnaient en fumant au-dessus de la forêt ; quand les voix s’éveillaient sur les rochers, tantôt comme des tonnerres expirant au loin, tantôt bruissant violemment, en notes qui, dans leur joie sauvage, semblaient vouloir célébrer la terre ; quand les nuages s’élançaient comme des chevaux indomptés qui hennissent, que le soleil les pénétrait de ses rayons et que son glaive étincelant, imprimé sur les plaines neigeuses, découpait le sommet des vallées en tranches de lumière claire et aveuglante ; ou bien, lorsque l’orage repoussait la nuée en y creusant un lac bleu, que le vent mourait et arrivait en bourdonnant des ravins profonds, des sommets des sapins, comme un chant de nourrice ou un carillon de cloches ; lorsque au ciel bleu apparaissait une légère rougeur, que de petits nuages filaient sur des ailes d’argent, et que les cimes des montagnes, aiguës et nettes, brillaient et flamboyaient   à une grande distance, —alors sa poitrine se déchirait, il s’arrêtait, haletant, le corps courbé en avant, les yeux et la bouche grands ouverts, comme s’il voulait aspirer en lui et absorber la tempête; il s’étendait et se couchait sur la terre, il se plongeait.au sein de l’univers, éprouvant une joie qui le faisait souffrir; ou bien il se tenait tranquille, reposant sa tête sur la mousse et fermant à demi les yeux. Alors tout s’éloignait de lui, la terre cédait sous son corps, elle devenait petite comme une étoile en marche et se plongeait dans un fleuve mugissant dont les flots limpides coulaient à ses pieds. »

 

Que lui est-il vraiment arrivé ?

4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 07:00

File:Can't please everyone2.jpg

 

 

Oikonomía, l'administration de la maison...

 

Des mesures économiques, ça ne manque pas.

 

Les périodiques au kiosque de l'avenue : confusion, retournement, conjuration.

 

Dans l'hémicycle, celui-ci ou un autre, rien de fondamental.

 

Démagogie aidant, on ne prend pas les mesures adéquates et quand on en prend, au mieux, pour ainsi dire, c'est la fable bien connue que me glisse à l'oreille le vieil Ésope :

 

« Il courut autrefois le bruit qu’une montagne devait enfanter. En effet, elle poussait des cris épouvantables, qui semblaient menacer le monde de quelque grand prodige. Tout le peuple étonné de ce bruit, se rendit en foule au pied de la montagne, pour voir à quoi aboutirait tout ce fracas. On se préparait déjà à voir sortir un monstre horrible des entrailles de la montagne ; mais après avoir longtemps attendu avec une grande impatience, on vit enfin sortir un rat de son sein. Ce spectacle excita la risée de tous les assistants ».

 

Il faut s'attendre à tout, et même au contraire de tout. Rarement à l'essentiel.

11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 07:00

File:Trousse de préparation de médicament.jpg

 

 

Trois fois par jour...

 

 

Un rhume et je trouve le remède en relisant ce fragment :

 

« La question de la chaleur et de la vie n’a pu être résolue pleinement que par le concours simultané de la physique, de la chimie et de la biologie. L’ancienne physiologie traitait empiriquement de la chaleur animale, mais sans en pouvoir expliquer l’origine. Il a fallu pour cela les découvertes de Lavoisier et les investigations plus modernes de la thermochimie. Après avoir montré comment naît cette chaleur, il importait d’enseigner ce qu’elle devient ; c’est la thermodynamique qui nous l’a révélé. Enfin l’expérimentation physiologique la plus délicate a pu seule déterminer les modifications qui surviennent chez les êtres vivants, lorsqu’ils sont soumis à l’influence d’une température soit supérieure, soit inférieure à celle qu’ils possèdent normalement. La médecine et l’hygiène tirent déjà profit des indications fournies à ce sujet par la science pure. On a reconnu que l’étude des variations de la chaleur animale dans les maladies a une importance notable pour la connaissance de celles-ci, et que le diagnostic aussi bien que le pronostic en reçoivent des lumières inattendues ».

 

Matin, midi et soir au soleil dans le jardin.

24 décembre 2014 3 24 /12 /décembre /2014 07:00

File:Meteore.jpg

 

 

Prix uniques...

 

 

Réveillon de Noël. Une bastide provençale. Les santons et les saveurs.

 

Échange de points de vue sur la « rentrée littéraire ».

 

Je m'éclipse vers la belle bibliothèque et y trouve ceci :

 

« Nous ne contestons à la Médiocrité aucun de ses droits. Mais, franchement, est-il permis, à l’heure qu’il est, de faire un livre ennuyeux sur la Chine ? Si c’était un livre inexact, passe encore ! mais un livre ennuyeux, dans l’état actuel des connaissances sur ce singulier pays, lesquelles ont tout juste le degré d’information et d’incertitude, de lumière et d’obscurité qui donne à l’Histoire tout le piquant d’une question, cela est-il permis, même à très haute et puissante dame la Médiocrité ?… Est-il permis de manquer d’intérêt et de vie quand il s’agit du peuple le plus curieux et le moins connu, quoiqu’on en ait immensément parlé, de ce peuple magot et falot qui ressemble aux visions produites par l’opium qu’il fume, .  et qu’on pourrait appeler le plus fantastique de tous les peuples ?

Il est des sujets sur lesquels la valeur d’un homme, par cela seul qu’il les traite et à condition pourtant qu’il ne les gâtera pas, devient tout à coup vingt-cinq fois plus grande qu’elle n’est réellement, et la Chine est un de ces sujets sterling. Dans ce long carnaval de Venise que le mystérieux et hiéroglyphique Orient joue depuis des siècles à l’Occident intrigué, la Chine, cachée sous ses éventails, tapie derrière ses écrans, roulée en boule sous ses ombrelles, est le masque le plus impénétrable, et le plus impatientant à deviner. De tous, c’est celui qui tient le plus à son incognito et qui sait le mieux le défendre. Au XVIIe siècle, elle a mystifié lord Macartney, et le livre du pauvre lord nous dit, avec la candeur d’une dupe accomplie, dans quelles superbes proportions la mystification eut lieu… Si un jour elle a permis aux Jésuites, ces admirables enjôleurs pour le compte de la vérité, de soulever son loup et de la regarder au visage, elle s’est bien vite repentie de cette minute d’abandon qui allait faire de sa personnalité historique le Secret de la Comédie pour le monde entier. Elle est donc toujours un mystère… non pas un simple mystère à ténèbres dans lesquelles l’œil cherche sans voir, mais un mystère à éblouissements qui brise la lumière sous les feux luttants des contradictions… Avec un pareil peuple, qui semble échapper au jugement même, avec ce sphinx  retors qui a remplacé l’énigme par le mensonge et auprès de qui tous les sphinx de l’Egypte sont des niais à la lèvre pendante, n’y a-t-il pas toujours moyen, si on ne met pas la main sur le flambeau de la vérité, de faire partir, en frottant son esprit contre tant de récits, les allumettes du paradoxe, et d’agir ainsi, fût-ce en la déconcertant, sur l’Imagination prévenue, qui s’attend à tout, excepté à l’ennui, quand on lui parle de la Chine et des Chinois ? »

 

Présent dans l'inanité.

26 novembre 2014 3 26 /11 /novembre /2014 07:00

image001-copie-25.jpg

 

 

L'homme solitaire, ami du temps libre, se lève...

 

 

Ils grattent les montagnes, retournent les champs, draguent le fond des mers. De tous les coins du monde, je reçois des coupures de presse sur l'altération inévitablement définitive des plus beaux écosystèmes qui soient. À la bourse de l'immonde, l'or jaune vaut désormais aussi cher que l'or noir. En Asie du Sud-Est, je me souviens avoir vu des pelleteuses qui charriaient des quantités gargantuesques de sable destiné à la maçonnerie. Et les navires qu'on appelle sabliers sont aujourd'hui à l'œuvre partout sur la planète. La plupart du temps, les édiles haussent les épaules et l'on assiste, entre dégoût et  quasi impuissance, à la fin d'un monde.

 

Trois jours en Vaucluse écarté de la guerre crétine des profits.

 

J'ouvre le livre : De vita solitaria.

 

L'otium, au moins ça de gagné.