15 mai 2019 3 15 /05 /mai /2019 06:00
À Rome attisée

Débats politiques sur toutes les chaînes d'information : le nouveau gouvernement se formera-t-il enfin ? Le vacarme de la circulation automobile couvre la voix des invités sur les plateaux, qui tous, forcément, se contredisent. Matin, midi et soir, la capitale où je visite des amis, un formidable foutoir. Le Romain râle, s'en accommode, en redemande.

 

E sticazzi..., finit par lâcher le barman qui tangue sur le caillebotis de la terrasse pour me servir. Une expression locale, du genre : « Après moi, le déluge... »  

 

Je gagne la volée de marches de la piazza di Spagna que les hordes de touristes n'ont pas encore envahie. Les soleils butinés d'abeilles s'égayant dans la fontaine Barcaccia me sourient. Barcasse, tu tiens le coup, afin qu'au bonheur l'intrépide chasse !

 

J'ouvre le bréviaire :

 

« Vivre heureux, mon frère Gallion, voilà ce que veulent tous les hommes : quant à bien voir ce qui fait le bonheur, quel nuage sur leurs yeux ! Et il est si difficile d’atteindre à la vie heureuse, qu’une fois la route perdue, on s’éloigne d’autant plus du but qu’on le poursuit plus vivement ; toute marche en sens contraire ne fait par sa rapidité même qu’accroître l’éloignement. Il faut donc, avant tout, déterminer où nous devons tendre, puis bien examiner quelle voie peut y conduire avec le plus de célérité. Nous sentirons, sur la route même, pourvu que ce soit la bonne, combien chaque jour nous aurons gagné et de combien nous approcherons de ce but vers lequel nous pousse un désir naturel.

Mais tant qu’on marche à l’aventure, sans suivre de guide que les vagues rumeurs et les clameurs contradictoires qui nous appellent sur mille points opposés, la vie se consume en vains écarts, cette vie déjà si courte, quand on donnerait les jours et les nuits à l’étude de la sagesse. Déterminons donc bien où et par où nous devons aller, non sans quelque habile conducteur qui ait exploré les lieux que nous avons à traverser. Ce voyage est tout autre que les voyages ordinaires où un sentier bien choisi, les gens du pays qu’on interroge empêchent qu’on ne s’égare ; ici le chemin le plus battu, le plus fréquenté est celui qui trompe le mieux. Ainsi, par-dessus tout, gardons-nous de suivre en stupide bétail la tête du troupeau, et de nous diriger où l’on va plutôt qu’où l’on doit aller. »

 

Ça fouette le sang !

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