On peut voir rouge ou passer son chemin...
Plus ça change, plus c'est la même chose... L'actualité qui n'en est jamais vraiment une...
De retour d'Écosse — on a pu mettre en perspective, common decency oblige, ce que le récent référendum a produit — je trouve dans ma boîte aux lettres un prospectus rutilant envoyé par mon FAI (fournisseur d'accès à l'Internet) qui m'annonce, grammaire mandarinale et vocabulaire fleuri en caractères contrastés, que je suis, je cite, « éligible à la fibre » et me vante à gros renfort de ficelles commerciales, dans et entre les lignes, le bénéfice d'une installation jusqu'à ma maison, mon salon et, pourquoi pas ?, mon lit pour profiter au mieux de services (sic) dont je n'ai nul besoin. Je passe sur les mails, pardon, courriels pour parler comme nos amis Canadiens, qui m'ont relancé, tancé, abusé pendant plusieurs jours.
Ce dont j'ai besoin, c'est d'une connexion fiable par tous les temps, qui me laisse justement du temps pour faire autre chose que de la maintenance (débrouillardise) informatique matin, midi et soir vu les réalités dépréciatives ultra concrètes sur le terrain ici comme ailleurs, réalités qui ne vont pas en s'arrangeant contrairement aux idées reçues... J'utilise les technologies nouvelles avec discernement.
Je pousse, malgré tout, la curiosité jusqu'à prendre un rendez-vous avec l'équipe (équipe ?) d'experts techniques. Les experts... Eux savent... Ils savent si bien qu'ils n'ont même pas pris la peine d'établir un audit préalable de la situation physique, audit selon l'expression consacrée. En vrai, ils n'écoutent pas et n'entendent que leur satané cahier des charges. Le Diable est toujours dans les détails.
— Ouh là, vos murs font près d'un mètre d'épaisseur ! On va pas pouvoir percer !
Force moulinets de bras et dodelinements méridionaux des têtes.
— Je me suis pourtant fendu de longues conversations téléphoniques avec vos services respectifs pour vous décrire au plus juste la configuration locale...
Trois fois sur quatre, je reste zen (langage branché...) quant à l'avancée façon char d'assaut de la Technique (majuscule de circonstance) à l'époque d'antique modernisme. Un certain Martin brossé ces jours-ci comme, de reste, à l'accoutumée comme un vilain bonhomme au passif sulfureux a rempli des centaines de feuillets sur le sujet... Mais là, la moutarde commençait à me monter au nez.
— Ah, nous, on est la société qui sous-traite. On n'est pas le service commercial...
— C'est sûr. À l'évidence, sans paraître désobligeant, cette méthode de travail n'est pas la bonne...
— Ah, vous savez, chacun travaille dans son secteur. Et puis, de toute les façons, il va falloir changer toutes les paires de cuivre, les raccordements, et puis, on sait pas ce qu'on va trouver...
— Bref, vous ne voulez pas faire le travail...
— Ah, mais c'est trop compliqué. Pour un logement collectif ou un bâtiment public, je ne dis pas, mais là...
— Comment ça ? En tant que citoyen, je ne peux pas...
— Ah, nous, c'est ça la procédure pour les particuliers... On a des ordres... Tous vos appareils doivent être groupés au même endroit... Il faut faire simple... Et il faut prendre la box...
— La box ?
— Oui, c'est obligatoire... Et il y a un abonnement mensuel...
— OK. Je ne suis pas convaincu que la simplicité l'emporte... Restons-en là.
Le grand plan numérique, tu parles ! Incantations parlementaires.
Un jeune se serait exclamé : « Foutage de gueule ! ».
Numérique ou analogique, autre titre possible.
Analogique, c'est dans mon ADN.