13 août 2023 7 13 /08 /août /2023 12:57
Écrire comme le vent voyage

C'est au lointain des îles que j'apprends le décès de Kenneth White.

Poète-penseur d'une rare envergure, Kenneth White m'offre la joie de son exigeante amitié indéfectible depuis le tournant des années 1980 quand il délivrait, aux marges de l'université, un enseignement himalayen, que dis-je, stratosphérique, à l'Institut d'anglais Charles-V dans le Marais avant d'inaugurer la rayonnante chaire de géopoétique à Paris-Sorbonne.

Grâce à toi, entre autres auteurs remarquables, mes compagnons de route intellectuels, avec Montaigne, Thoreau et Nietzsche, au réciproque de nos affinités, j'écris aujourd'hui mes livres d'essais, mes relations de voyages, mes carnets existentiels.

Salut à toi, Ken !

2 octobre 2019 3 02 /10 /octobre /2019 06:00
Le chemin de Walden

Trump ou pas Trump, ou un autre, j'avais pris ma décision.

 

La fermeture des frontières et l'obscurcissement des cerveaux ne réfrèneront jamais l'ardeur du voyageur. Je voulais encore partager une franche journée de conversation ininterrompue au contact de Thoreau, mon frère en esprit.

 

Franchis les barrières de la douane, la fouille obsessionnelle de mon sac et l'incontournable interrogatoire vétilleux, une commodité moderne de circulation, à la robe bleu pétrole, m'a porté à travers les beaux bois jusqu'à Concord, Massachusetts. Henry David se tenait, radieux, une fois n'est pas coutume, sur le seuil de sa log-cabin dont les rondins avaient été taillés par une vigoureuse serpe. Après notre chaleureux salut au réciproque, ni une ni deux, nous filâmes sur le chemin de Walden empourpré des exquises couleurs de l'automne.

 

Une fois arrivés sur les berges de l'étang, Thoreau me demanda :

 

« Quel sens donnes-tu à ton existence ?

– J'essaie, dis-je, du mieux que je peux, de pousser mes potentialités le plus loin possible... »

 

Thoreau eut ce sourire inégalable dont il avait le secret. Bâtons de bois tombé à la main, nous fîmes le tour de l'aire liquide que les guides touristiques appellent quelquefois tantôt lac, tantôt mare. Revenus sur nos pas en compagnie des grives véloces et d'un héron taciturne, nous eûmes le temps d'apercevoir la ramure duveteuse de l'élan solitaire qui s'évanouit tout tranquille dans le silence des taillis. Logés sur un tapis de galets, j'ai ouvert mon sac, et pris l'album, lequel, aussitôt, intéressa vivement Thoreau. 

 

« Voici les photographies du lieu et de ses alentours que Gleason a réalisées après ton départ.

– Ah ! Quelle vision juste !, fit Thoreau, ce Herbert Wendell est vraiment perspicace. Ce qui est là. C'est exactement ça ! »

 

À son tour, Thoreau sortit un carnet de la poche de son manteau habilement raccommodé. Un manteau vert pour mieux se fondre dans la nature. C'était une page d'un projet en cours. J'ai lu :

 

« Je gagnais les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n’affronter que les actes essentiels de la vie, et voir si je ne pourrais apprendre ce qu’elle avait à enseigner, et non pas, quand je viendrais à mourir, découvrir que je n’avais pas vécu. Je ne voulais pas vivre ce qui n’était pas la vie, la vie est si chère ; pas plus que je ne voulais pratiquer la résignation, avant que ce ne fût tout à fait nécessaire. Ce que je voulais, c’était vivre en profondeur, sucer toute la moelle de la vie, mener une vie assez vigoureuse et spartiate pour mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, couper un large andain et tondre ras, acculer la vie dans un coin, et la réduire à sa plus simple expression. »

 

Le chemin de Walden reste, pour moi, de bois en mois, ce chemin qui toujours mène quelque part.

18 septembre 2019 3 18 /09 /septembre /2019 06:00
Dordogne

Au bourg de Monpazier, les pommes baies sont mûres.

 

Les arcades fleuries à qui j'adresse mes baisers, les bancs de pierre lustrés de lune, les chats curieux s'étirant aux croisées. 

 

J'enfourche la bicyclette que l'on me prête, et l'on me prête beaucoup, et file sur la départementale par vallons et coteaux gorgés de vin vers Beynac-et-Cazenac. 

 

On m'ouvre la porte du château. D'Artagnan et Le Capitan font leur cinéma derrière les tapisseries.

 

J'ai droit à un brillant feu automnal qui crépite dans l'immense cheminée. Le beau fauteuil troussé de velours m'invite. Une aventure :

 

« Le plus loin dont il me souvienne, c’est 1815, l’année que les étrangers vinrent à Paris, et où Napoléon, appelé par les messieurs du château de l’Herm « l’ogre de Corse », fut envoyé à Sainte-Hélène, par delà les mers. En ce temps-là, les miens étaient métayers à Combenègre, mauvais domaine du marquis de Nansac, sur la lisière de la Forêt Barade, dans le haut Périgord. C’était le soir de Noël ; assis sur un petit banc dans le coin de l’âtre, j’attendais l’heure de partir pour aller à la messe de minuit dans la chapelle du château, et il me tardait fort qu’il fût temps. Ma mère, qui filait sa quenouille de chanvre devant le feu, me faisait prendre patience à grand’peine en me disant des contes. Elle se leva enfin, alla sur le pas de la porte, regarda les étoiles au ciel et revint aussitôt :

– Il est l’heure, dit-elle, va, mon drole ; laisse-moi arranger le feu pour quand nous reviendrons. »

 

Je croque la pomme, il en restera toujours quelque chose.

4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 06:00
Occident

Un autre de ces vocables qui commencent mal.

 

La rentrée : le mot d'ordre. Ils s'affairent, je relis. La terreur s'amplifie ? Pas de souci en novlangue d'jeun, je me concentre, je travaille, j'amplifie.

 

L'éducation dégringole, ce n'est pas une nouvelle, la publicité se refait une beauté, les cabinets d'analystes sont pleins, les pilules roses et bleues se vendent comme des petits pains dans les pharmacies. Marin lucide, je mets les voiles.

 

Une semaine bruxelloise, la ville à la campagne. Mon hôte, pianiste chez Mozart, me laisse les clés et sa bibliothèque. Dans le jardin, un oiseau sur chaque arbre. Ce n'est pas une illusion. Tiens, ce gros livre placé près d'une statuette de Shiva. Oswald Spengler, Der Untergang des Abendlandes, soit Le Déclin de l'Occident. Déclin comme destin ? À la toute dernière page, tracé d'une ample écriture ronde, je tombe sur ce passage :

 

« Toutes les conditions politiques et sociales ne valent pas que ce soient justement les esprits les plus doués qui aient le droit de s’en occuper et qui y soient forcés : un tel gaspillage des esprits est en somme plus grave qu’un état de misère. La politique est le champ de travail pour des cerveaux plus médiocres, et ce champ de travail ne devrait pas être ouvert à d’autres : que plutôt encore la machine s’en aille en morceaux ! Mais telles que les choses se présentent aujourd’hui, où non seulement tous croient devoir être informés quotidiennement des choses politiques, mais où chacun veut encore y être actif à tout instant, et abandonne pour cela son propre travail, elles sont une grande et ridicule folie. On paye "la sécurité publique" beaucoup trop cher à ce prix : et, ce qu’il y a de plus fou, on aboutit de la sorte au contraire de la sécurité publique, ainsi que notre excellent siècle est en train de le démontrer : comme si cela n’avait jamais été fait !

Donner à la société la sécurité contre les voleurs et contre le feu, la rendre infiniment commode pour toute espèce de commerce et de relations, et transformer l’État en providence, au bon et au mauvais sens, ce sont là des buts inférieurs, médiocres et nullement indispensables, à quoi l’on ne devrait pas viser avec les moyens et les instruments les plus élevés qu’il y ait, les moyens que l’on devrait réserver justement aux fins supérieures et les plus rares ! Notre époque, bien qu’elle parle beaucoup d’économie, est bien gaspilleuse : elle gaspille ce qu’il y a de plus précieux, l’esprit. »

 

Des chiffres – et des lettres.

21 août 2019 3 21 /08 /août /2019 06:00
La cité des femmes

Par la poste matinale, je reçois une fort jolie carte postale.

 

À l'époque niaise des réseaux sociaux, mes amis savent que je n'apprécie rien moins que ce rectangle, coloré de teintes bien nettes, porteur de rêves que prolonge la présence des timbres invariablement rangés comme à la parade dans le coin droit de la carte, et qui donnent à méditer oiseaux, arbres, fleurs, héros historiques, citadelles, prouesses, rivières, papillons, montagnes, lunes et soleils. Je reconnais aussitôt l'adorable temple de Banteay Srei niché au sein de la dense arborescence tropicale qui enserre le vastitude architecturale d'Angkor.

 

Je me souviens, c'était, dans le temps d'avant, l'heure d'une aube brumeuse, affranchi des troupes hétéroclites massifiées aux abords du Bayon, j'empruntai le chemin secret menant à la citadelle sylvestre des femmes longé d'eucalyptus, leurs lambeaux d'écorce blanche, de grenadiers pulpeux, et de tilleuls orientaux géants, dont la puissance rayonnante au fond de la forêt n'avait rien à envier aux célèbres ficus des pagodes et autres fromagers spectaculairement tentaculaires qui font désormais la joie des photographes en herbe à Ta Prohm.

 

Malraux, on s'en souvient peut-être, s'était fait tirer les oreilles lorsqu'au temple ses manœuvres de pillage des plus fines sculptures furent démasquées. C'était dans le mouvement des Années folles. Aujourd'hui, l'autorité, la presse et les réseaux sociaux s'escrimeraient allègrement à discréditer André sur sa voie royale. C'est qu'elles sont envoûtantes, ces déesses kmères ! Et si peu mères ! Bijoux de grès rose qui vous entraînent dans une sarabande confidentielle en d'étroits corridors. Vous voulez comprendre une société ? Regardez donc comment vivent ses femmes, et tout sera dit.

 

Sur une planche de l'atelier qui vibre comme jamais, je pose ce clin d'œil postal entre une conque et un épi de blé. Les hommes font les lois, ils s'y emploient ; les femmes forment les mœurs, elles y excellent. Ou non, c'est selon...

7 août 2019 3 07 /08 /août /2019 06:00
Ouvert l'été

Paris au mois d'août, le charme de certain quartiers.

 

Oui, « intimidées et silencieuses », dit l'auteur que lisait Blaise Cendrars, les rares voitures qui montent de la Seine s'arrêtent aux passages pour les flâneurs des deux rives.

 

Un tour au musée Guimet. Le musée de mon enfance avec le musée de l'Homme et celui de la Marine. Ainsi que dans les meilleurs haïkus, nous sommes trois à nous présenter au guichet : une Argentine venue découvrir les joyaux  plastiques de la France, un Japonais chargé d'un reportage documentaire, et moi.

 

Pendant que le Japonais bardé d'appareils numériques s'enquiert auprès du vigile des démarches à effectuer et des kilomètres de formulaires administratifs à remplir, j'entraîne la belle Argentine brune dans le dédale des galeries. Laura parle très bien la langue de Voltaire, un avantage, et mon espagnol est tout à fait acceptable. Comme dit l'autre, je bénéficie aussi du suffrage à vue, ce qui est un second trésor.

 

Nous admirons la statuaire asiatique, les bouddhas baroques et les paravents multicolores. La belle de Buenos Aires ne prend aucune note. Nous voyant très vivants, nous nous imprégnons de beauté. Au bout d'une heure, sous l'œil pudique d'un sage birman tout de bronze vêtu, Laura me prend la main. Une main chaude. Elle sait ce qu'elle veut. L'érotisme et la vie, l'immédiate parfaite adéquation. Sur son visage, ce sourire mutin, un ravissement. De couloirs en paliers, de vestibules en coins déserts, nous rions beaucoup, et plus encore lorsque l'étoile Laura lit mon carnet :

 

« Je n'ai rien de spécial

à vous offrir.

Juste une fleur de lotus

dans un petit vase

à contempler longuement. »

 

Au temps fragile, cette clairière...

24 juillet 2019 3 24 /07 /juillet /2019 06:00
Granite

La terre et les pierres.

 

À Compostelle, les pèlerins des deux sexes venus de toute l'Europe se sont amassés autour du reliquaire sur le chemin de Saint-Jacques. Je peux comprendre leur démarche, leur dépouillement, leur dévotion, mais j'avais, de mon point de vue, sans rien négliger, franchement mieux à faire.

 

Cap à l'ouest par un beau matin estival. Dès que je sors de la ville, celle-ci ou une autre, ma boussole me renseigne, fidèle sans faillir : 42° 52' 45" nord, 9° 16' 22" ouest, les coordonnées de mon rendez-vous.

 

Passant les pancartes, le phare et les barbelés, j'entre enfin dans l'espace non-humain. Le belvédère dénudé de granite sombre s'enfonce énergiquement dans les flots, et ressurgit ça et là vers le couchant en téméraires îlots. J'aime finis terrae – l'idée et la chose. D'ici, tout pourrait recommencer. Autrement. Accompagné d'une mouette pélagique, j'ai ouvert le livre d'heures :

 

« Assez vu. la vision s'est rencontrée à tous les airs.

Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.

Assez connu. Les arrêts de la vie. – Ô Rumeurs et Visions !

Départ dans l'affection et le bruit neufs ! »

10 juillet 2019 3 10 /07 /juillet /2019 06:00
Sandales andalouses

Arroyos et rios.

 

Je salue derechef Cordoue et les fantômes de Maïmonide, d'Averroès, d'Abbas ibn Firnas et de mon cher Sénèque, tous infiniment plus vifs que les vivants, et m'engage à pied en direction des monts sertis d'ormaies qui s'étendent au-delà du Guadalquivir, le fleuve des fleuves.

 

Les noms sur la carte. Toponymie tentatrice : Lora del Rio, Campino de Llerena, El Pedroso, Constantina, Almodóvar del Rio, La Puebla de los Infantes, Guadalcázar, Las Navas de la Conceptión, Fontanar de Quintos...

 

Vérification sur place. La sierra de Hornachuelos tient ses promesses : quelle que soit la piste, l'allée ou la sente qui s'offre à ma découverte, la traversée des territoires très boisés révèle une foultitude d'éléments géologiques remarquables, ravins, gorges, fondrières, qu'exaltent à chaque foulée les cantons aromatiques. Je me perds parmi les saules et les lauriers, je disparais derrière les hautes pousses de l'aubépine et du frêne, je me tiens immobile contre le tronc d'un peuplier lié de lierre à l'approche d'une harde fonceuse de cochons sauvages.

 

Mes sandales sont mes ailes. Le vautour noir me les envie. Le voici qui tournoie et glisse silencieusement vers les futaies fluviales de la Bembézar qui va creusant toujours plus loin son canyon. Parvenu d'un bond au faîte d'un promontoire, je devine à flanc de roche les reliefs d'une présence humaine à travers les bouquets compacts de chênes-liège que mon guide naturaliste appelle suberaie. S'ils priaient à la gloire des anges dans le vaste séminaire que je distingue là-haut accroché à sa falaise, les moines recopiaient aussi et sans doute sur vélin au son du vent les écritures sacrées enfuies de Palestine, de Judée, de Mésopotamie.

 

Je suis resté là un long moment. À intervalles réguliers, ce n'était pas le tintement de la cloche au séminaire que je percevais, mais le cri, tantôt aigu, tantôt rauque, que produisait l'aigle de Bonelli dans l'atmosphère céleste. Dans ce cabaret de verdure, j'ai regardé mes braves mocassins, et songé au piéton sensible :

 

« Alentour,

dans tout ce que le regard croise,

fraîcheur ! »

26 juin 2019 3 26 /06 /juin /2019 06:00
Estocade

Plaines ourlées d'oliviers.

 

Dans le train qui me porte à Séville, pas une rame qui ne cède à l'appel pour moi maléfique des jeux vidéos. Pour avoir, croient-elles, la paix le temps du voyage, les mères s'y mettent aussi, qui encouragent leurs progénitures à sortir du sac dès le coup de sifflet smartphones, tablettes et ordinateurs portables.

 

À l'évidence, la tablette, son format malléable, a déjà la faveur des plus jeunes. Et comme tous ne disposent pas d'oreillettes, j'ai droit à la reconstitution sur écran ultra pixelisé de la tonitruante bataille de Stalingrad, au pilonnage massif de l'archipel nippon ou au feu d'artifice sur les décombres berlinois. Chargé moyennant dix euros via le miracle d'une carte bancaire, le divertissement est l'assurance du bruit calamiteux et de la stupide fureur à moindre frais.   

 

Je m'échappe sur la plate-forme, et prélève de mon carnet cet avertissement :

 

« Ô matelot, toi qui, courtisan, risques ta voile au palais, au palais royal qui, par ses sirènes, est une autre mer de Naples,

Laisse les rames et garde-toi d’éloigner tes deux mains de tes oreilles, car c’est vraiment un écueil, sinon des sables mouvants, que cette douce voix d’un séraphin féminin.

Pareil à ses accents, ta mort sera brillante, si leur harmonie mortelle, si leur rare beauté exhale douceur et gloire.

Prends la fuite devant celle qui, armée d’une lyre, quand elle remue les rochers, quand elle arrête les vaisseaux, tue en chantant celui qu’en chantant elle regarde. »

 

Comme d'habitude, j'imagine, un coup d'épée dans l'eau...

12 juin 2019 3 12 /06 /juin /2019 06:00
À la table de l'alizé

À Faro, la belle candeur, je m'offre, par un détour dans les sentes secrètes de la vieille ville, le petit luxe d'une perdrix aux palourdes.

 

Matinée à marcher au vif du rivage. Le bout du monde. Une fois aisément sorti de l'enceinte urbaine, de vastes étendues sablonneuses lissées de lune en plein jour s'offrirent à mon pas. Une flottille opiniâtre de crabes dodus et trois sternes striées me retrouvèrent la bouche fleurie d'algues. Ce fut un comme quartier d'Irlande s'invitant au domicile méridien.

 

Mon intime aime l'effet que finit par produire le flacon de João de Santarém. Seul client de l'étroite taverne, Maria, la serveuse, que j'invite me rejoint, et nous éclusons, bras dessus, bras dessous, le bénéfique breuvage. Dehors, c'est l'éclatante lumière de l'après-midi. Chats et chiens rasent les murs. Sous l'opulente treille de la bougainvillée rouge, l'air tamisé invite ici à l'art de la conversation. Comme Maria aime le son de ma voix, je lui fais la lecture :

 

« É por ti que escrevo que não és musa nem deusa
mas a mulher do meu horizonte
na imperfeição e na incoincidência do dia-a-dia
Por ti desejo o sossego oval
em que possas identificar-te na limpidez de um centro
em que a felicidade se revele como um jardim branco
onde reconheças a dália da tua identidade azul... »  

 

Le vent qui croît soulève sa robe de lin.