Le plus connu, le haïku originel, celui de Matsuo Bashō, 1644-1694, dont le nom de plume signifie, rappelons-le, bananier en japonais, est celui, parmi tant d'autres, que j'aime, encore et toujours, lire, à fredonner, devant le bassin aux poissons rouges :
La vieille mare
Une grenouille y plonge
Ploc !
Version en langue anglaise et nuances :
The old pond
A frog jumps in
The sound of the water
Ah !, cette vieille mare ou ce vieil étang (étant ?), il n'y a pas que les grenouilles qui y plongent :
Dans la vieille mare
A coulé une sandale de paille
Tombe la neige fondue
(Buson, 1716-1783, "village rustique", c'est son "nom")
L'étang ou la mare ne sont jamais désolidarisés du réseau naturel :
La rivière et l'étang
Désormais ne font qu'un
Pluie de printemps
(Buson)
Humilité des choses et de l'approche, bien entendu, et c'est tout l'art du haïku, mais humilité apparente pour qui sait lire entre les lignes :
J'ai emprunté ma chaumière
Aux puces et aux moustiques
Et j'ai dormi
(Issa,1763-1828)
Dans la bibliothèque de l'atelier, mon atelier des quatre vents, je relis la magnifique anthologie du haïku de Maurice Coyaud publiée dans le temps d'autrefois (Fourmis sans ombre, éditions Phébus, Paris, 1978) et tombe sur celui-ci qui dit à la perfection mon état d'esprit présent :
Ils ne pipaient mot
Ni l'invité ni l'hôte
Ni les chrysanthèmes blancs
(Ryôta, 1718-1787)
It is good as it is.