La chevauchée des steppes...
À l'aéroport de Glasgow, entre deux avions, remontant toujours plus haut vers le Nord, je tombe sur une vieille connaissance (quelques quarante printemps, voix d'ange et chevelure moussante !) qui revient d'une traversée pédestrement épique dans le Caucase géorgien. Échanges rapides, sur le fil du vif. Monts tantôt verdoyants, tantôt obscurs. Glaciers et pins noueux. Bergers, idiomes, villages à la simplicité rendus, conflits au lointain, myriades de peuples, symbiose des religions, le fleuve Tushetis-Alazani, les bordures de la Khevsourétie, la Khakétie, hordes de chevaux, la Chiraquie, errances, transhumances, nomadisme...
— Salut !
— À bientôt !
Je connais certaines enclaves géographiques écossaises qui me font aussitôt voyager aux confins du Caucase. L'Asie et l'Europe rendent la sensation de s'interpeller. Prenant mes quartiers dans l'hôtel qui surplombe la baie, je consulte l'atlas. J'ai toujours un petit atlas avec moi, de soin solide, qui porte à ma connaissance toutes les indications topographiques nécessaires de façon bien lisible.
L'aigle du Caucase... Qui se souvient de Prométhée ? Sur la carte, voici la Touchétie. Qu’es aquò ? Entre la mer Noire et la Caspienne. Volcans et sentes escarpées. Un massif mythologique pour certains. Une abruptitude élémentaire pour moi. Je me verse une rasade de whisky et vois la chevelure caracolant au vent d'hiver...