29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 06:00

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Un ami attentif venait de m'envoyer La vie dans les bois de Charles Lane.

 

Si l'auteur de ce court mais dense texte (78 pages), anglais d'origine, éducateur à ses heures, transcendantaliste chevronné, co-fondateur, vers 1843, avec son ami Bronson Alcott, de la communauté politico-mystico-agricole baptisée Fruitlands (là aussi, tout un programme arcadien de nature fouriériste qui a tourné court pour des questions humaines, trop humaines...) située à Harvard dans le Massachusetts, est un peu tombé dans l'oubli, le titre de son opuscule, toutefois, n'est pas sans rappeler Walden or Life In The Woods de mon cher Thoreau. C'est que La vie dans les bois, paru initialement dans la prestigieuse revue The Dial en avril 1844, a exercé une certaine influence sur Henry David pour la rédaction de son Walden publié en 1854. Thoreau adressera d'ailleurs un clin d'oeil chaleureux à Lane (au nom prédestiné) via le titre complet de son expérience bien connue au bord du fameux étang.

 

Intéressante à plus d'un titre, La vie dans les bois est une chose. Les premières phrases, comme le reste du pamphlet, entre défense intransigeante de la Nature (majuscule oblige) et respect rigoriste envers les traditions indiennes d'Amérique, ne sont pas rédigées avec le dos de la cuillère. Exemple haut en couleur : That must be a very pleasant life indeed, wherein no enemy shall appear who cannot be easily subdued by a strong arm and an axe / Combien la vie serait belle, si tous nos ennemis pouvaient être tout simplement éliminés par un bras robuste armé d'une hâche...

 

Avec le sens de la nuance et une bonne dose d'humour, Walden qui s'engage vers d'autres horizons intellectuels, en est, à l'évidence, une autre, d'une ampleur, d'une vastitude et d'une profondeur de vue incomparables.

 

J'avais emporté, pour le lire, ce libretto d'utopie dans la forêt. Au bout d'un moment, le chemin s'est élargi pour donner sur une clairière. Ce chemin ne menait pas tout à fait nulle part...

 

 

(Charles Lane, La vie dans les bois, essai traduit et présenté par Thierry Gillyboeuf, éditions Finitude, 2010 / Martin Heidegger, Holzwege-Chemins qui ne mènent nulle part, collection Tel, Gallimard, 2006)

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