24 janvier 2018 3 24 /01 /janvier /2018 07:00

 

 

Ils, elles, ils, elles, pin-pon, pin-pon, courent par les rues.

 

L'apeurement, son envergure, la liesse enfin, les clameurs.

 

Au firmament du programme organisationnel en cours, vous aviez, vous avez, vous aurez le choix entre le socialisme libéral et le libéralisme social. « C'est l'art des choix, me glisse malicieusement à l'oreille Mallarmé enfermé à Tournon dans les quatre murs de son temporaire professorat d'anglais, vivement mes textes de ma façon, mes productions insensées, et l'azur, l'azur, l'azur ! ».

 

On peut donc décider de voir les choses planétaires autrement, comblé de l'éveil.

 

Longue marche parmi les pins brûlants et les mousses limpides qui traversent la nuit jusqu'aux criques secrètes où se jouent les amours.

 

Au lointain comme au proche, une koukouvayia mouchetée, sœur de la chouette attribut d'Athéna-la-perspicace, observe l'allongement de mon pas sur le sentier.

 

De Vathy, sans que le fracas de la foudre ne vienne briser mon élan, je gagne le pimpant petit port de Pythagorion où mathématiciens, arpenteurs et fabulistes ont gardé pour moi seul les immenses trésors qui confortent.

 

Abrité de la lumière crue derrière une féconde treille, je goûte au calme qui vibre dans l'air chaud. La carte de la cantine comme gravée à la craie dans l'ardoise brillante de mille micas donne le tournis : moussaka, dolmades, karpouzi, souvlakia, baklava, avgolemono, taramosalata, psari, feta, gouvetsi, kalamarakia...

 

Sur le banc de cette taverne où je me désaltère, je trouve un quotidien français du soir passablement défraîchi, sans doute abandonné après l'aéroport, les bus et le ferry par l'inconnu en quête de l'universel bonheur en ce lieu. Kostas, le patron de l'estaminet, a dû penser que le séjour de ces caractères exotiques en blanc et noir attirerait le chaland, et serait opportun pour l'euro, le commerce, et les dieux.

 

Tiens, les pages culturelles :

 

« C'est un polar dans lequel l'homme est un loup pour l'homme, avec du sang, du crime et de la folie. Les dialogues reflètent parfaitement la brutalité et l'impossibilité d'exprimer ce qui est contenu jusqu'à l'explosion de la marmite... »

 

« Ce qui m'a le plus charmée et réjouie, c'est la sensualité qui émane du récit à chaque page. Tout ici est une question de fluides et d'odeurs. Avec l'histoire du souper dans la deuxième partie, nos narines palpitent ! Ce roman foisonne d'idées et de mythes. La spiritualité et le sacré sont aussi prégnants. Le personnage principal étanche son chagrin, se libère du spectre de son mari, et fait son travail de deuil... »

 

« Ce livre est avant tout un roman politique et humaniste, une étude impeccable de la société d'aujourd'hui. Avec une finesse remarquable, l'auteur nous offre un huis clos addictif, toujours plus pesant et rempli d'humour... »

 

No comment.

 

Dans un coin de colonne, je tombe sur la mésaventure (aberrante, grotesque, stupéfiante) arrivée à cette interprète de génie, la pianiste Martha Argerich. Depuis des lustres, elle rêvait de visiter le Belvédère, la maison-musée de Maurice Ravel à Montfort-l'Amaury, bourgade des Yvelines qui sut de ses charmes attirer écrivains, peintres, musiciens, et j'en passe...

 

Donc, Martha Argerich s'y rend en compagnie du chef d'orchestre Charles Dutoit. Peut-être veut-elle prendre une photo, enregistrer des images animées, jouer quelques notes sur le piano prestigieux pour le faire vivre... « Halte ! Pas touche ! », et les voici évincés, ces sommités du monde musical, « manu militari », rapporte en outre le journal, comme des indésirables...

 

Les fruits du déclin bestial sont mûrs : ils ont gagné.

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