Après un nouveau tour du monde, je suis revenu dans mes pénates. Ainsi qu'au gueuloir de Flaubert, l'atelier méridional des quatre-vents va, au jour neuf, enregistrer mes escapades.
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De Berlin, dans le flot ininterrompu du courrier, je reçois par la poste, grâce à une amie prévenante, une nouvelle édition des pensées de Novalis que l'on a jadis traduit en langue française sous le titre : Brouillon général.
Je lis la préface, et m'étonne que le traducteur, responsable du corpus universitaire débordant de notes, littéralement en bas de page, jacassantes à mon oreille, qui se dévoile sous mes yeux, ne mentionne nulle part l'influence déterminante de Chamfort, Sébastien-Roch Nicolas pour l'état-civil, sur ce qu'il est convenu d'appeler, selon l'hagiographie culturelle, les romantiques allemands.
C'est négliger, voire oublier, tout l'intérêt soutenu que Friedrich Schlegel, entre autres perforateurs, portait à la fine fleur de l'esprit français en général et à l'auteur des Maximes et pensées, caractères et anecdotes en particulier, emblème de l'écriture fragmentaire si prisée plus tard en signe de reconnaissance par Nietzsche. Décidément, j'en découvre tous les jours.
Condensation. Cristallisation. Concision qui frappe juste La langue française y excelle. Architecture économique. C'est l'évidence.
Je fonce vers la bibliothèque :
« Il y a des livres que l’homme qui a le plus d’esprit ne saurait faire sans un carrosse de remise, c’est-à-dire sans aller consulter les hommes, les choses, les bibliothèques, les manuscrits, etc. »
Ellipse : CQFD.