6 juillet 2016 3 06 /07 /juillet /2016 06:00

File:Mark Twain Les Aventures de Huck Finn illustration p145.jpg

 

Il faut un commencement à tout...

 

Je prolonge mon séjour vénitien. La chambre à deux fenêtres donne sur le canal. Je relis, dans l'anglais d'Amérique, la correspondance de Ernest Hemingway.

 

Définitif – et justifié : « All modern American literature comes from one book by Mark Twain called Huckleberry Finn. American writing comes from that. There was nothing before. There has been nothing as good since. »

 

Vous vous souvenez ? :

 

« Tom et moi, nous avions découvert un trésor caché dans une caverne, et nous étions devenus riches. Six mille dollars chacun – une jolie fortune pour des orphelins de douze à treize ans ! Tom avait sa tante qui ne le laissait manquer de rien, si elle le tarabustait un peu. J’étais moins orphelin et plus libre que lui. Mon père vivait encore ; mais il avait disparu depuis longtemps. Je ne tenais pas à le voir revenir, parce qu’il me battait quand il avait bu, c’est-à-dire tous les jours. J’aurais mieux aimé n’avoir qu’une tante.

Du reste, on se montrait bon pour moi, et je ne me rappelle pas avoir jamais eu trop faim. L’été, je dormais dans un tonneau vide ; l’hiver, je couchais dans une grange. Mon genre de vie me convenait. Personne ne s’occupait de moi, parce que j’étais pauvre. Je plaignais Tom, qui ne pouvait pas monter en bateau, se baigner ou pêcher à la ligne plus de deux ou trois fois par semaine. Par malheur, mon argent vint tout gâter, et je me trouvai dans le même cas. L’avocat Thatcher plaça mes six mille dollars à intérêt, de façon à leur faire rapporter un dollar par jour. La veuve Douglas, à qui j’avais rendu un grand service, m’adopta, comme je l’ai dit, et déclara qu’elle voulait essayer de me civiliser. J’étais habitué à vivre à ma guise et ça ne m’allait pas du tout de rester enfermé dans une maison, de me lever, de manger, de me coucher à heure fixe. Et puis, mes habits neufs me gênaient. À la fin, je n’y tins plus et je décampai, après avoir repris mes vieilles nippes. Pour la première fois depuis longtemps je me sentis à l’aise, libre et content. J’avais retrouvé le tonneau où je dormais sans me donner la peine de me déshabiller. Personne ne m’empêchait de flâner dans les bois, de m’allonger sur l’herbe ou au bord de l’eau, et de dégringoler le long des berges. Je pouvais fumer sans avoir besoin de me cacher. »

 

Ce genre de vie : sans avoir besoin de me cacher...

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