Cet appel de la forêt...
Pendant que les politiques planétaires s'égosillent sur ce qu'il conviendrait de faire et qu'ils ne feront à l'évidence pas, aucun intérêt, je m'aventure le long des berges ligneuses du lac. Ma solitude en partage avec la profonde forêt de pins noirs qui frissonne dans mon dos sous le dard de moustiques têtus.
Dans cette partie nordique du parc de Banff, rien que du bleu à méditer à l'aplomb de la rocaille. Du havresac, un bréviaire chaleureux :
« L’aube, ce jour-là, était froide et grise, très grise et très froide, lorsque l’homme, quittant le large tracé que dessinait le Yukon gelé, gravit le haut coteau qui s’élevait sur une des rives du fleuve et où se dessinait confusément une piste étroite, qui s’en allait vers l’est, à travers l’épaisse futaie des sapins.
Le coteau était à pic. Une fois arrivé au sommet, l’homme fit une pause, pour reprendre haleine ; puis, machinalement, il regarda sa montre. Elle marquait neuf heures.
Il n’y avait pas de soleil, pas un soupçon de soleil, quoique aucun nuage ne fût au ciel.
Le firmament était pur. Et cependant un impénétrable voile semblait s’étendre sur toutes choses. De ténues et fines ténèbres, qui n’étaient pas la nuit, mais l’absence du soleil, tamisaient le plein jour et l’obscurcissaient.
De cela, l’homme n’était pas inquiet. Depuis bien des semaines il n’avait point aperçu le soleil. Il savait que beaucoup d’autres devraient s’écouler encore avant que le globe joyeux, rompant la longue nuit polaire, commençât, pendant quelques secondes tout d’abord, à émerger vers le sud, au-dessus de la ligne d’horizon. »
Les premiers mots, très beaux, comme aux premiers jours...