Sommet...
À l'université de Tübingen, c'est avec la plus grande attention que j'écoute une conférence d'Alexander von Humboldt :
« En essayant de développer l’ensemble des phénomènes physiques du globe et l’action simultanée des forces qui animent les espaces célestes, j’éprouve deux appréhensions différentes. D’un côté, la matière que je traite est si vaste et si variée, que je crains d’aborder le sujet d’une manière encyclopédique et superficielle ; de l’autre, je dois éviter de fatiguer l’esprit par des aphorismes qui n’offriraient que des généralités sous des formes arides et dogmatiques. L’aridité naît souvent de la concision, tandis qu’une trop grande multiplicité d’objets qu’on veut embrasser à la fois conduit à un manque de clarté et de précision dans l’enchaînement des idées. La nature est le règne de la liberté, et, pour peindre vivement les conceptions et les jouissances que fait naître la contemplation de son ensemble, il faudrait que la pensée pût revêtir librement aussi ces formes et cette élévation du langage qui sont dignes de la grandeur et de la majesté de la création.
Si l’on ne considère pas l’étude des phénomènes physiques dans ses rapports avec les besoins matériels de la vie, mais dans son influence générale sur les progrès intellectuels de l’humanité, on trouve, comme résultat le plus élevé et le plus important de cette investigation, la connaissance de la connexité des forces de la nature, le sentiment intime de leur dépendance mutuelle. C’est l’intuition de ces rapports qui agrandit les vues et ennoblit nos jouissances. Cet agrandissement des vues est l’œuvre de l’observation, de la méditation et de l’esprit du temps, dans lequel se concentrent toutes les directions de la pensée. L’histoire révèle à quiconque sait pénétrer à travers les couches des siècles antérieurs aux racines profondes de nos connaissances, comment, depuis des milliers d’années, le genre humain a travaillé à saisir, dans des mutations sans cesse renaissantes, l’invariabilité des lois de la nature, et à conquérir progressivement une grande partie du monde physique par la force de l’intelligence. Interroger les annales de l’histoire, c’est poursuivre cette trace mystérieuse par laquelle la même image du Cosmos, qui s’est révélée primitivement au sens intérieur comme un vague pressentiment de l’harmonie et de l’ordre dans l’univers, s’offre aujourd’hui à l’esprit comme le fruit de longues et sérieuses observations. »
Ne vous avais-je pas dit que construire la machine à remonter le temps était facile comme bonjour ?