Été en plein hiver.
Terrasse de bistrot et ballon de vin blanc à deux pas de la Barer Straße, Munich. Avant l'entrée en scène de la bouffonnerie touristique, heureusement rare en cette saison, tour matinal à un autre de ces musées vivants sur cette planète qui, une fois encore, ravit mes sens. Je m'amuse beaucoup à prononcer le mot pinakothek (guess why) et à l'écrire plusieurs fois sur mon carnet. Lettres K en abondance visuelle et sonore. Vers 1850, Louis de Bavière eut la bonne idée, parmi divers projets culturels ambitieux, de rassembler sa collection dans, littéralement, une boîte à tableaux : il avait en tête de faire de la ville aux moines (München) une sorte d'acropole esthétique sur les rives de l'Isar. Qui pourra dire l'influence qu'aura exercée sur Louis l'Irlandaise Eliza Rosanna Gilbert, autrement connue sous le nom exotique de Lola Montez, danseuse diablesse et courtisane intrépide ?
Agréable verticalité architecturale (ville reconstruite, oblitération du passif, Die Weiße Rose en souvenir précis) et toiles de beauté à l'infini.Salle X, Tiepolo en cadeau, Bruegel dans le secret du cabinet 16, Guardi et sa flottille bleue salle XII -je note sensations, raccourcis, dialogues imaginaires des maîtres dans le temps.
Félicité des affinités électives dans la toile de Friedrich, Der Sommer (1807). Couple enlacé, seule présence humaine, symbolismes sexuels (presque trop évidents) du bouleau feuillu, des vallées féminines et du fleuve spermatique. Non ? Loin des sermons, couple romantique enlacé, mais couple caché dans l'hébergement naturel des éléments bienveillants. Discrétion, conversation et, qui sait ?, anticipation.
Ici et toujours, grands bonheurs : signes ascendants.