26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 07:00

image001-copie-19.jpg

 

 

Une tentation tentaculaire...

 

 

Vivons cachés, vivons heureux. 

Logique de la proposition. 

Esprit des choses.


Vers le British Museum

sous la neige excitante

ce matin visionnaire,

je marche dans les pas de fantômes,

satisfaisant à ma propre obsession.

Des cris de corbeaux,

  un saule pleureur aux aguets,

l'exposition mûrie en couleur.

Shunga, le plaisir explosé

sur les rives de la Sumida.

 

  Au monde flottant, je suis gâté :

  les salles turbulentes lèvent le voile,

le Japon interlope des ukiyo-e,

où s'entrelacent de frissons ludiques,

 lors d'une parenthèse culturelle inouïe,

affranchie de la moraline et des hiérarchies,

filles de joie, samouraïs, nantis,

marchands, veilleurs, mendigots,

nobles et nonnes,

exalte une nouvelle fois à mes sens

cet extravagant mixte irrésistible

de rudesse et de raffinement érotiques,

luxueux pied de nez théâtral

par le pinceau virevoltant

d'Utamaro, Hokusai & Co

au dépérissement moral ambiant.

 

Des hommes et des femmes,

parfois des femmes et des femmes,

mille ans auparavant,

Lesbos, Sappho, activiste avant la lettre,

dans toutes les postures chamarrées.

Passages, chambres, lits,

saké, éventails, glissières dérobées,

chats, chiens, volatiles,

ombrelle sur l'oreiller,

lampions, clapotis, barques légères,

bambous, flûtes, brocarts de satin rose,

masturbations exploratrices,

lutinages humoristiques,

pénétrations grotesques,

  glapissements et murmures,

le jour à la nuit ouverte.

 

Pénis et vulves, organes sexuels selon le manuel,

se surpassent dans l'énorme précision –

aucune limite, aucune fatigue,

lignes claires du charivari,

  sauvages créatures de bon aloi

qui, de tête-à-tête en têtes à queues,

mangas originaux du geste intime,

invitent, oui, au carpe diem

et me font sourire d'admiration.

 

Mais estampes esthétiques

qui émeuvent profondément,

qui font battre le cœur,

vénérables et précieuses,

un art poétique de l'existence,

porté par la vague et le vent,

qui donnent confiance à l'aurore.

Celle-ci a ma préférence,

Tako to ama,1814,

Le rêve de la femme du pêcheur.

Non-conformisme de la perspective,

délirant chef-d'œuvre absolu

du vieux fou de dessin,

l'humain dans l'animal,

univers surréel englouti en un trait.

 

Vigoureux et savant, le printemps qui s'annonce...

commentaires