2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 07:00

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In Voraussicht, daß ich über Kurzem mit der schwersten Forderung an die Menschheit herantreten muß, die je an sie gestellt wurde, scheint es mir unerläßlich, zu sagen, wer ich bin. Im Grunde dürfte man's wißen : denn ich habe mich nicht "unbezeugt gelaßen". Das Mißverhältniss aber zwischen der Größe meiner Aufgabe und der Kleinheit meiner Zeitgenoßen ist darin zum Ausdruck gekommen, daß man mich weder gehört, noch auch nur gesehn hat. Ich lebe auf meinen eignen Credit hin, es ist vielleicht bloß ein Vorurtheil, daß ich lebe?… Ich brauche nur irgend einen "Gebildeten" zu sprechen, der im Sommer ins Oberengadin kommt, um mich zu überzeugen, daß ich nicht lebe… Unter diesen Umständen giebt es eine Pflicht, gegen die im Grunde meine Gewohnheit, noch mehr der Stolz meiner Instinkte revoltirt, nämlich zu sagen : Hört mich! denn ich bin der und der. Verwechselt mich vor Allem nicht !

 

(Friedrich Nietzsche, Ecce homo : Wie man wird, was man ist, 1908)

 

 

(En prévision que d'ici peu j'aurai à soumettre l'humanité à une exigence plus dure que celles qui lui ont jamais été imposées, il me paraît indispen­sable de dire ici qui je suis. Au fond, on serait à même de le savoir, car je ne suis pas resté sans témoigner de moi. Mais le désaccord entre la grandeur de ma tâche et la petitesse de mes contem­porains s'est manifesté par ceci que l'on ne m'a ni entendu ni même vu. Je vis sur le crédit que je me suis fait à moi-même, et, de croire que je vis, c'est peut être là seulement un préjugé !... Il me suffit de parler à un homme « cultivé » quelconque qui vient passer l'été dans l'Engadine supérieure, pour me convaincre que je ne vis pas... Dans ces condi­tions il y a un devoir contre lequel se révolte au fond ma réserve habituelle et, plus encore, la fierté de mes instincts, c'est le devoir de dire : Écoutez-moi, car je suis un tel. Avant tout ne me confondez pas avec un autre ! Traduction H. Albert, Mercure de France, 1908)

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