Quai de Conti, je prends toujours autant de plaisir à admirer les façades et les statues. Elles sont vivantes, animées d'un puissant mouvement intérieur.
Sur un étal de bouquiniste le long de la Seine, je tombe sur ceci :
« Despotisme vient du mot δεσπότης , qui signifie maître. Il y a despotisme toutes les fois que les hommes ont des maîtres, c'est-à-dire sont soumis à la volonté arbitraire d'autres hommes.
Le despotisme d'un seul homme est un être de raison ; mais le despotisme du petit nombre sur le grand nombre est très commun ; et il a deux causes : la facilité que le petit nombre a de se réunir, et ses richesses, avec lesquelles il peut acheter d'autres forces.
Si on examine l'histoire des pays où l'on s'est imaginé avoir trouvé le despotisme d'un seul, on verra toujours une classe d'hommes ou plusieurs corps qui partagent avec lui sa puissance. En Turquie, les janissaires et la tribu des gens de loi ; à Rome, les gardes prétoriennes et les douze armées établies sur les frontières ; en France, les douze parlements, en Prusse, l'armée ; en Russie, les régiments des gardes et les grands. Il y a deux sortes de despotisme qu'on pourrait appeler de droit et de fait, si le mot de droit pouvait s'unir à celui de despotisme, mais que j'appellerai despotisme direct et despotisme indirect. Le despotisme direct a lieu dans tous les pays où les représentants des citoyens n'exercent pas le droit négatif le plus étendu, et n'ont pas des moyens suffisants pour faire réformer les lois qu'ils jugent contraires à la raison et à la justice. Le despotisme indirect existe lorsque, malgré le vœu de la loi, la représentation n'est ni égale ni réelle, ou lorsqu'on est assujetti à une autorité qui n'est pas établie par la loi. »
Voici qui arrive à point nommé.