S'orientant grâce aux étoiles, la plupart des oiseaux migrent la nuit...
Dans l'anse de Reine, cette aube-là, le froid mordait encore un peu.
Mais pour rien au monde, je ne voulais manquer l'arrivée des oies migratrices en provenance directe de l'Orient extrême. Vol faisant, certaines s'offrent même une halte sur l'humus tout neuf de la taïga sibérienne. Histoire de dire bonjour aux ami(e)s sylvestres et de reprendre des forces.
En avril, dans la géographie majestueuse de cette partie des îles Lofoten - la pente aiguë des pics noirs me faisait penser aux Southern Alps dans la région d'Otago -, les schplouf, schplouf produits à intervalles réguliers par ces grands volatiles qui amerrissent sept par sept sur les eaux cristallines sont le signe sûr que l'on glisse à nouveau vers la belle saison. Haru higan.
Tout est en suspens. À l'aplomb du promontoire, guettant les premières manœuvres mobiles.
Des battements d'ailes soudain et une cacophonie comme jamais.
Puis plus rien dans l'éveil du jour.
Passage nordique : à la surface du fjord, un bon millier de plumes ont alors composé une estampe muette en or et blanc - mon secret.
Oie, oie sauvage,
tu l'as fait à quel âge
ton premier voyage ?