De Naxos, les vents favorables me portent à Paros.
Sur les hauteurs du port en pleine effervescence, une chambre bleue dans une ruelle bleue.
Les toits se chevauchent jusqu'au bout de l'horizon, mais je peux distinguer les musées et Panaghia Katapoliani, la basilique paléochrétienne, littéralement, hors les murs.
Que me dit Hérodote, parfait antidote dans l'enténèbrement en cours ? Ceci :
« Miltiade fit voile à Paros avec les troupes qu’on lui donna ; il colora son expédition du prétexte de punir les Pariens parce qu’ils avaient accompagné les Perses à Marathon, et leur avaient fait les premiers la guerre. Mais il y était porté par la haine qu’il avait contre eux depuis que Lysagoras, fils de Tisias, Parien de naissance, l’avait voulu rendre odieux au Perse Hydarnes. Lorsqu’il fut arrivé à Paros avec ses troupes, il fit le siège de la ville, où les Pariens s’étaient renfermés, et leur envoya ensuite demander cent talents par un héraut, avec menace, en cas de refus, de ne point retirer ses troupes qu’il ne les eût subjugués. Les Pariens, bien loin de songer à lui donner de l’argent, ne pensèrent qu’à la sûreté de leur ville ; et entre autres choses qu’ils imaginèrent, ils élevèrent pendant la nuit le mur, dans les endroits les plus faibles, une fois plus haut qu’il ne l’était anciennement. Tous les Grecs sont jusqu’ici d’accord ; mais les Pariens racontent eux seuls les événements suivants, comme je vais moi-même les raconter. Tandis que Miltiade était embarrassé sur les suites du siège, Timo, prêtresse des dieux infernaux, qui était de Paros et sa prisonnière, vint le trouver. Lorsqu’elle fut seule avec lui, elle lui conseilla de suivre les avis qu’elle allait lui donner, s’il avait envie de prendre la ville. Il les écouta ; il se rendit en conséquence à la colline qui est devant la ville, et comme il ne pouvait pas ouvrir les portes du lieu consacré à Cérès Thesmophore, il sauta par-dessus le mur d’enclos, et marcha droit au temple ; mais l’on ignore s’il avait dessein d’emporter quelqu’une des choses sacrées qu’il n’est pas permis de toucher, ou s’il avait quelque autre intention. Lorsqu’il fut à la porte, il se sentit tout à coup saisi d’une si grande frayeur, qu’il retourna sur ses pas ; mais en sautant par-dessus le mur, il se démit la cuisse, ou se blessa au genou, suivant d’autres... »
Conclusion : « Ce fâcheux accident le força de remettre à la voile sans porter d’argent aux Athéniens, et sans s’être rendu maître de Paros. »
Un scarabée que dore le soleil vient de se poser sur l'histoire.