Retour à Rome.
Sans autre panorama que la beauté sous le ciel bleu.
Je me fais l'effet d'un draveur qui cherche son point d'équilibre dans un monde en mouvement.
Le studio bien situé, les pages du carnet sont remplies, un flacon de Valpolicella, deux verres.
Dans l'angle, par la fenêtre, je peux apercevoir l'un des plus anciens musées qui soit.
Se souvient-on d'Apollonios de Chalcédoine ? Non ? Marc Aurèle a beaucoup appris de sa bouche. Le temps béni de l'instructif enseignement oralisé.
À la terrasse d'un bar, après avoir salué les disparus très vivants, j'ouvre le bréviaire :
« Tous ces biens que tu désires et que tu cherches à atteindre par des détours, tu peux les avoir dès maintenant, si tu n’es pas ton propre ennemi. Je veux dire si, laissant là tout le passé et te confiant pour l’avenir à la Providence, tu ne t’occupes que du présent et en disposes suivant la sainteté et la justice. Suivant la sainteté, afin d’aimer ton lot, car la nature l’a préparé pour toi et toi pour lui. Suivant la justice, afin de dire la vérité librement et sans ambages, afin d’agir selon la loi et selon la valeur des choses; afin de n’être arrêté ni par la méchanceté, ni par les jugements, ni par les paroles d’autrui. ni même par aucune sensation de la chair qui t’enveloppe, car cela n’importe qu’à ce qui en souffre. Si donc, au moment quel qu’il soit où il faudra partir, il se trouve qu’oubliant tout le reste, tu as respecté [uniquement] ton principe directeur et le Dieu qui est en toi, et craint non point de cesser de vivre, mais plutôt de n’avoir jamais commencé à vivre conformément à la nature, tu seras un homme digne du monde qui t’a engendré, tu cesseras d’être un étranger dans ta patrie, tu ne regarderas plus avec étonnement les événements de chaque jour comme s’ils étaient inopinés, tu ne seras plus suspendu à ceci ou à cela. »
Oui, tu peux bien aimer ton lot – et accueillir à l'instant ce baiser sur tes lèvres...