12 octobre 2016 3 12 /10 /octobre /2016 06:00

 

Spinoza vient de m'adresser un courriel réclamant de me rendre chez lui à Rinjsburg le plus tôt possible. Je fonce secourir l'ami.

 

Au seuil de sa demeure automnale cernée de brume, je le trouve plus inquiet que d'habitude.

 

Il me tend un texte d'une écriture nerveuse, et me demande de le lire.

 

J'entre dans les signes :

 

« Je passe enfin à cette partie de l’Éthique qui a pour objet de montrer la voie qui conduit à la liberté. J’y traiterai de la puissance de la raison, en expliquant l’empire que la raison peut exercer sur les passions ; je dirai ensuite en quoi consistent la liberté de l’âme et son bonheur ; on pourra mesurer alors la différence qui sépare le savant de l’ignorant. Quant à la manière de perfectionner son esprit et de gouverner son corps pour le rendre propre aux fonctions qu’il doit remplir, cela n’est pas de notre sujet, et rentre dans la médecine et dans la logique. Je ne traite ici, encore un coup, que de la puissance de l’âme ou de la raison, et avant tout, de la nature et de l’étendue de l’empire qu’elle exerce pour réprimer et gouverner nos passions. Nous avons déjà démontré que cet empire n’est pas absolu. Les stoïciens ont voulu soutenir que nos passions dépendent entièrement de notre volonté, et que nous pouvons les gouverner avec une autorité sans bornes ; mais l’expérience les a contraints d’avouer, en dépit de leurs principes, qu’il ne faut pas peu de soins et d’habitude pour contenir et régler nos passions. C’est ce que, si j’ai bonne mémoire, quelqu’un s’est avisé de démontrer par l’exemple de deux chiens, l’un domestique, l’autre chasseur, que l’on parvint à dresser de telle sorte que le chien domestique faisait la guerre aux lièvres, tandis que le chien de chasse s’abstenait de les poursuivre. Descartes est tout à fait favorable à cette opinion. »

 

Cher Baruch, au temps contrit de la servitude, un flambeau dans la nuit !

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